PRO LOCO
ALTESSANO - VENARIA REALE APS

Là “Galopada” Royale

Bien que liées par une voie importante, les villes de Venaria Reale et Altessano, sont restées longtemps séparés, soumises à des administrations distinctes, tout en ne se trouvant pas à plus d’un demi-mille l’un de l’autre. Altessano, jadis Altessano Inferiore, et Venaria Reale, à l’origine Altessano Superiore, vécurent des événements historiques différents qui se qui provoqua une nette distinction entre elles, encore perceptible, dans l’identité sociale et culturelle de leur centres urbains.

L’axe routier est une sorte de terrain neutre où les passions et les contrastes entre les venaréens et les altessanais s’estompent, où s’annulent. Un pont qui réunit un village aux origines anciennes, découvert par la Savoie et élevé comme un territoire de chasse et un village très ancien situé sur la route qui mène d’Augusta Taurinorum (Turin) à Eporedia (Ivrea). Deux réalités différentes, non ennemies mais qui se sont toujours restées à distance.

La route est également connue sous le nom de Stra dla Galopada (route du galop) parce qu’au 18eme siècle, les carrosses royaux qui arrivaient depuis la Cour de Turin à Venaria, partaient d’Altessano au grand galop et se défiaient “à qui arrivait en premier”, créant une grande appréhension parmi les habitants du lieu.

L’avenue

Devant la maison où je suis né et où je suis retourné vivre après 40 ans, il y a toujours eu une allée de marronnier. Des plantes robustes avec un feuillage de branches dense et bien entretenue. Nous l’appelions la “leja” et son histoire avait plus de cent ans.

Quand j’étais petit, au printemps, au mois de mai, les coccinelles tombaient des feuilles. En allant à l’école, j’en ramassais deux ou trois, je les cachais dans ma poche et je les faisais voler pendant le cours, au grand désespoir de ma maitresse et peur de mes camarades.

Ce jour-là, j’entrais moi aussi dans le groupe de la classe.

Plus tard, je faisais la courte échelle à mes amis, pour grimper sur ces arbres et chercher les nids de chardonnerets.

Les premiers rendez-vous, les premiers battements de coeur avec une fille qui m’intéressait, ont eu lieu à l’ombre de ces arbres, qui le soir étaient aussi l’endroit préféré des amoureux.

Il y avait aussi les bancs de pierre, où l’été les gens s’asseyaient volontiers le soir pour discuter et prendre une bouffée d’air frais.

Tôt le matin, avant le lever du soleil, un concert de chants d’oiseaux variés me saluait de la façon la plus harmonieuse et naturelle au monde.

Avec ce tableau toujours devant mes yeux, mes années défilaient aussi.

Mais un beau jour, les responsables de la municipalité ont décidé que ces arbres devaient tous être démolis, pour en faire place à de nouveaux : ceux-ci, disaient-ils, étaient vieux et malades.

Même si après tant d’années ils n’en aient jamais replanté d’autres à la place de ceux malades ni même pris soin des arbres en bonne santé.

C’était malheureusement bien réel. Après un certain temps, grâce à des machines et des moyens modernes, ils ont commencé à hacher les branches, couper les tiges et déraciner les souches. En l’espace d’une semaine, ils ont coupé tous les arbres.

Le “Viale della galoppata”, qui, à l’époque des Rois, voyait passer les carrosses avec les chevaux qui couraient en marche battue pour entrer à Venaria pour aller au Château, avait disparu.

Le vide qui en a découlé m’a beaucoup blessé : comme un coup de point dans l’estomac. Mes yeux continuaient à chercher ce qu’ils ne pouvaient plus trouver. Tout à coup je me suis senti vieux, déçu, fatigué, et en colère, peut-être parce que j’avais déjà atteint un certain âge.

Mais cette année est arrivée une équipe d’ouvriers, au début du printemps, alors que je commençais déjà à désespérer sur la poursuite des travaux, qui, avec expérience, a procédé à replanter de nouvelles plantes, toujours des marronniers, mais d’une qualité différente, de Toscane cette fois.

Cela me touchait de les regarder et constater à quel point elles étaient petites, faibles, soutenues par des piquets en bois, par rapport aux anciennes, grandes et robustes.

Mais un matin lorsque je me suis levé tôt, j’ai traversé la rue pour aller les voir de près et j’ai vu que les premièrs bourgeons étaient déjà sortis.

C’était une belle surprise, qui m’a convaincu de ne jamais désespérer, de faire confiance à la nature et aussi aux hommes, quand ils travaillent avec passion et volonté.